LES PRISES DE RAQUETTE
Présentation
Ce que l’on appelle "prise" correspond à un placement de la main autour du manche de la raquette en fonction du coup joué.
Pour chaque geste il existe plusieurs prises, et elles ont chacune des répercutions caractéristiques sur la frappe de balle : plus ou moins d’effet, de vitesse, etc.
Néanmoins, les joueurs ne possèdent pas plusieurs prises par geste (sauf pour le service). Même s’ils peuvent effectuer parfois des coups avec des prises non-habituelles, ils possèdent leurs propres prises de prédilection acquises aux cours de séances d’entraînement spécifiques ou, plus naturellement, sans même y penser vraiment. D’ailleurs, peu de joueurs connaissent le nom des prises...
Sont décrites, ci-après, les prises possibles pour un droitier. Entre parenthèses est indiqué le nom de la prise en anglais.
Selon la méthode d'enseignement française, c'est l'éminence hypothénar qui sert de point de référence au positionnement de la main qui entoure le manche, alors que pour les anglo-saxons c'est la base de l'index, ce qui engendre des différences de repères dues à l'anatomie sur les prises "neutres" (continentale et marteau).
En coup droit
La prise continentale (continental grip)
L'éminence hypothénar repose à la fois sur le méplat supérieur et le chanfrein supérieur droit.
Historiquement, une des plus anciennes prises de coup droit. Elle faisait souvent office de prise unique en fond de court (Fred Perry ou encore René Lacoste).
Cette prise ne participe qu’à la production de coup à plat et est très invalidante pour jouer des frappes hautes.
Elle est devenue plus rare dans le haut niveau depuis la moitié du 20ème siècle et est maintenant totalement absente des coups droits contemporains à tous les niveaux.
La prise semi-fermée de coup droit (australian forehand grip)
L'éminence hypothénar repose sur le chanfrein supérieur droit.
La prise la plus utilisée pour le coup droit jusque dans les années 60 (Donald Budge, Rod Laver, Suzanne Lenglen). Elle n’est plus utilisée aujourd’hui que par les jeunes joueurs du mini-tennis ou... les beaucoup moins jeunes du dimanche matin. Totalement absente du haut-niveau pour des coups droits classiques, car elle limite énormément la production d’effet lifté ainsi que la puissance (plan de frappe pas assez devant), on peut encore la voir sur certains coups ultimes de défense ou pour jouer des amorties.
La prise fermée de coup droit (eastern forehand grip)
L'éminence hypothénar repose sur le méplat latéral droit.
Plus contemporaine, elle fut largement plébiscité à partir des années 70 grâce notamment à des joueurs comme Stan Smith, Jimmy Connors et Björn Borg ou encore avec des joueuses comme Chris Evert et Steffi Graf.
Aujourd’hui, on pensait cette prise d’un autre temps, en tout cas au haut-niveau, mais c’est sans compter l’illustre Roger Federer qui l’a remise au gout du jour.
Elle permet de produire plus de lift que la prise précédente en conservant quand même des trajectoires de balle assez tendues. Elle semble plus efficace pour le jeu sur surface rapide.
La prise très fermée de coup droit (semi-western forehand grip)
L'éminence hypothénar repose sur le chanfrein inférieur droit.
La prise moderne en coup droit, mise en avant dès la fin des années 80 par Boris Becker et Jim Courir, puis plus tard par André Agassi, Gustavo Kuerten et maintenant par Rafael Nadal et Novak Djokovic.
Chez les joueuses, on a vu cette prise apparaître un peu plus tardivement au haut niveau avec Arantxa Sanchez puis Martina Hingis et les sœurs Williams.
Cette prise, peu orthodoxe au premier coup d’œil, est utilisée aujourd’hui par la majorité des compétiteurs et compétitrices, qu’ils soient professionnels ou amateurs. On peut la retrouver très tôt (trop tôt certains diront) chez les meilleurs jeunes de nos ligues, dès 11/12 ans, voir 10 ans chez les filles.
Ce choix de prise semble procurer le meilleur compromis entre vitesse de balle et effet lifté. Elle est adaptable à toutes les surfaces, mais semble quand même un peu plus dur à gérer sur des surfaces très rapides.
La prise extrème de coup droit (western forehand grip)
L'éminence hypothénar repose sur la droite du méplat inférieur.
La « prise interdite » que tout enseignant a essayée au moins une fois dans sa carrière de supprimer de la technique d’un de ses joueurs, quitte à s’en arracher les cheveux…
On la retrouve plus fréquemment dans le tennis féminin, mais elle reste globalement assez rare.
Elle favorise la prise d’effets liftés au détriment de la vitesse de balle et du jeu vers l’avant. Les frappes sur balles basses sont aussi plus compliquées. Pourtant, ça n’a pas empêché Sergi Bruguera, à l’époque, ou Amélie Mauresmo, plus récemment, de devenir de grands champions.
La prise très extrème de coup droit (hawaiian forehand grip)
L'éminence hypothénar repose sur la gauche du méplat inférieur.
Tellement extrême, qu’elle n’est même pas référencée dans les ouvrages français…
Il faut avouer que « faire avancer » la balle dans ces conditions relève carrément du miracle.
N’en déplaise à Alberto Berasategui, cette prise n’a pas provoqué beaucoup d’émulation parmi les joueurs d’aujourd’hui.
En revers à une main
Prise continentale (continental grip)
Surtout utilisé pour les revers chopés, la prise continentale n'est plus d’actualité pour les revers à plat ou lifté. Elle ne permet pas de « gratter » efficacement la balle, ni de frapper puissament.
Prise marteau (modified eastern backhand grip)
Surtout utilisé pour les revers chopés, la prise marteau n'est plus d’actualité pour les revers à plat ou lifté. Elle ne permet pas de « gratter » efficacement la balle, ni de frapper puissament.
La prise semi-fermée de revers (full eastern backhand grip)
L'éminence hypothénar repose à la fois sur le méplat supérieur et le chanfrein supérieur gauche.
Elle était jusque dans les années 80 la prise la plus courante pour réaliser des revers liftés à une main.
De Rod Laver à Ivan Lendl ou chez les femmes d’Helen Smith à Steffi Graf, tous jouaient en tenant la raquette de la même façon.
Elle permet de produire des frappes tendues avec un minimum d’effets et semble plus propice au jeu sur surface rapide.
La prise fermée de revers (extreme eastern backhand grip or semi-western backhand grip)
L'éminence hypothénar repose sur le chanfrein supérieur gauche.
C’est la prise moderne pour l’utilisation des revers à une main. On peut la voir chez les joueurs aux cours des dernières décennies avec Boris Becker, Gustavo Kuerten puis Roger Federer et chez les joueuses avec Gabriela Sabatini, Justine Hénin puis Francesca Schiavone.
C’est aussi la prise favorite de nos compétiteurs amateurs jeunes ou adultes.
Difficile d’accès dans un premier temps pour les débutants, elle semble pourtant un objectif obligatoire si l’on veut pouvoir « lâcher » ses revers en toute sécurité.
En revers à deux mains
Pour un droitier la main gauche se place au dessus de la main droite.
Prise n°1
Main directrice : prise semi-fermée de coup droit.
Main d'appui : prise semi-fermée de coup droit de gaucher.
Cette façon de tenir sa raquette en revers à deux mains est minoritaire dans le haut niveau (Jelena Jankovic). On la retrouve plus facilement chez les jeunes joueurs de nos écoles de tennis.
La position de la main directrice ne favorise pas la production de lift mais rend plus facile les gestes avec un plan de frappe plus en arrière, en situation défensive notamment.
Prise n°2
Main directrice : prise continentale.
Main d'appui : prise semi-fermée de coup droit de gaucher.
Sûrement la prise la plus commune en revers à deux mains.
Facile d’accès pour les débutants, elle présente de nombreux avantages : elle permet d’être efficace sur n’importe quelles hauteurs de frappe et donc de prendre la balle tôt sans trop de problème et de produire des frappes à plat ou liftées.
Parmi le haut niveau, on a pu la voir chez Jimmy Connors et plus récemment chez Andy Murray, Caroline Wozniacki ou encore Kim Clijsters.
Cette prise sollicite plus la main d’appui que celle décrite ci-dessous.
Prise n°3
Main directrice : prise marteau.
Main d'appui : prise fermée de coup droit de gaucher.
Plus commune dans le tennis masculin que féminin, cette prise sollicite plus la main directrice que la prise précédente.
Avec des positions de mains plus fermées, elle permet surtout de mettre plus d’effet lifté à la balle.
Son plan de frappe est aussi plus avancé, rendant moins évident les frappes de balle tôt. Mais cela n’a pas semblé gêner à l’époque Blorn Borg, ni aujourd’hui Novak Djokovic ou encore Maria Sharapova.
Prises plus rares
Le revers à deux mains reste un coup encore relativement "jeune" ; les prises ne sont pas encore standardisées comme pour le coup droit ou le revers à une main.
Dès lors, on retrouve des combinaisons très personnelles comme la main directrice en prise marteau et la main d’appui en prise très-fermée de coup droit (Nadal) ou encore la main directrice en prise marteau et la main d’appui en prise semi-fermée de coup droit (Tsonga).